La scène se déroule à l’école. Les protagonistes, deux enfants d’âge scolaire, discutent de l’instrument qu’ils sont en train d’apprendre. Alors que le premier évoque ses difficultés au piano, le second, qui apprend le violon, lui rétorque : « Mais le piano, c’est facile, il suffit juste d’appuyer sur les touches ! ». Mettez n’importe quel musicien accompli devant un clavier, et il saura vous jouer une mélodie même sans n’avoir jamais appris l’instrument. Alors certes, le piano s’avère facile à appréhender au départ. Pour autant, est-ce si simple de devenir un bon pianiste ?
Y a-t-il vraiment un instrument plus facile que les autres ?
Tout dépend de ce que l’on considère comme facile. Prenons l’exemple de la flûte à bec, souvent enseignée à l’école –du moins avant 2014– car elle est censée être simple à jouer. Un enfant pourra bien sûr apprendre à y exécuter toute la gamme de Do majeur sans difficulté. Mais il lui faudra bien plus qu’un cours hebdomadaire pour atteindre le niveau des flûtistes professionnels.
Si le piano est jugé facile par certains musiciens, c’est parce que les touches permettent d’obtenir des notes parfaitement justes d’emblée -si le piano est accordé, évidemment. Seulement, jouer du piano, ce n’est pas seulement appuyer sur des touches. Un ordinateur est capable de faire cela, et pour autant, il ne sera jamais capable d’interpréter un Nocturne de Chopin à la perfection.
Plutôt que de tenter de déterminer quel instrument est le plus simple à jouer, il est plus pertinent de s’intéresser aux types de difficultés qui attendent le pianiste débutant. Ce ne seront pas les mêmes que celles du violoniste, certes, mais cela ne fait pas d’elles des obstacles aisés à surmonter.
Les difficultés du pianiste débutant
Vous l’aurez compris, la justesse des notes ne va pas venir tracasser le jeune musicien face à son piano. C’est un avantage pour celles et ceux qui n’ont pas l’oreille musicale très affûtée. Ils peuvent sans problème jouer des morceaux justes et agréables à écouter.
Les difficultés qui attendent le pianiste pendant ses premières années sont plutôt les suivantes :
– parvenir à rendre chaque doigt indépendant ;
– obtenir une indépendance et une coordination parfaite des deux mains ;
– nuancer son jeu à l’aide de la pédale et d’un toucher régulé ;
– apprendre à lire la clé de sol et la clé de fa pour déchiffrer les partitions ;
– acquérir davantage de souplesse pour jouer les grands intervalles ;
– savoir jouer sans regarder ses doigts et déplacer ses mains sans se tromper de touche ;
– garder de la motivation pour répéter régulièrement.
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L’apprentissage du piano est gratifiant
Un point est particulièrement vrai au sujet du piano, c’est que c’est un instrument gratifiant. Contrairement au violon, par exemple, qui demande des mois d’application avant d’obtenir un son correct, le piano livre rapidement des sensations agréables au pianiste débutant. Après quelques semaines de cours, il est déjà possible de jouer des petits morceaux connus, d’enchainer des arpèges ou des accords et d’improviser des mélodies.
De ce point de vue, on pourrait donc dire que le piano est effectivement plus facile à apprendre, car il récompense systématiquement chaque étape de l’apprentissage par un résultat audible. Attention toutefois à ne pas tomber dans une forme de complaisance : pour progresser, il est indispensable de se remettre en question, de se fixer de nouveaux objectifs, et de se heurter à des difficultés à fréquence régulière.